Paru en 1874, Le Suffrage universel et le problème de la souveraineté du peuple opère une critique radicale de la démocratie représentative.on s'attaque en effet à la base même de ce qui est aujourd'hui encore notre système politique,en contestant que le droit de suffrage,soit-il universel,suffise à instituer une quelconque souveraineté populaire.On accorde au peuple le droit de voter;et les votes individuels forment des majorités qui désignent des représentants pour nous gouverner.Mais qui est réellement représenté ici? Non pas le peuple mais la majorité seulement.La désignation électorale du pouvoir politique ne constitue en rien l'expression authentique de la volonté populaire;elle n'est qu'un moyen de dégager une majorité qui s'impose alors à l'ensemble des citoyens.La souveraineté populaire ne saurait en ce sens se réduire au droit de vote et à la représentation politique;or c'est précisément sue cette assimilation que ce fonde la légitimité parlementaire et gouvernementale de nos démocratie.
Historiquement,cette identification du droit de vote à la souveraineté ne fut qu'une erreur.
Si les pères du suffrage universel crurent sincèrement que le peuple y trouverait sa souveraineté politique, la bourgeoisie fraîchement dominante réalisa vite l'utilité,pour elle d'accorder le droit de suffrage.
Car le droit divin étant tombé avec la révolution,il lui fallait un principe pour fonder son pouvoir.
Et si le système électoral l'obligeait certes à composer avec le peuple,il avait le grand avantage de légitimer son autorité.Elle s'en accommoda donc;et d'autant mieux qu'elle comprit qu'avec le suffrage universel,elle disposait d'un excellent instrument à sondages.Il enregistre les changements d'opinion,prévient les dangers, et évite ainsi les révolutions.C'est pourquoi Paul Brousse récuse l'idée de toute contestation parlementaire et condamne a priori tout effort de s'établir en parti "d'opposition"
Car au sein du système électoral,l'opposition même sincère,constitue organiquement un appui pour l'oligarchie gouvernante:elle forme une soupape de sécurité ou le mécontentement populaire peut s'exprimer sans nuire à la pérennité des choses. L"opposition nourrit donc elle aussi le pouvoir en place en canalisant la contestation.Et en supposant même qu'elle parvienne un jour à s'emparer de l"appareil étatique,qu'en ferait-elle?Si elle s'attache à le conserver.
il est peu de chances qu'une véritable révolution sociale en sorte,et ci elle entreprend de le détruire,pourquoi chercher d'abord à le conquérir?D'autres moyens existent pour cela,plus efficaces.
On le voit,après un siècle et demi,bientôt,que nous vivons sous le régime de la démocratie représentative.
Il serait malhonnête de nier que le suffrage universel fut une avancée pour le peuple(ne serait-ce qu'en lui faisant toucher la possibilité de sa souveraineté politique) on ne peut ignorer ses limites, aujourd'hui flagrantes.Les classes dirigeantes ont parfaitement su s'accommoder du système représentatif,qui n'a plus aujourd'hui de démocratique que le nom.Elles communiquent,organisent à grand bruit des référendums citoyens qu'elles contournent quand les résultats ne lui conviennent pas,en appellent au " bon sens des français"pour leur faire comprendre qu'il faut laisser faire les "experts"...et agissent toujours dans leurs propre intérêt. Il est donc temps ,si l'on veut vraiment parler de souveraineté populaire,de ne plus se laisser berner et de construire une démocratie authentique ou les volontés s'expriment et,surtout,agissent librement,ou l'individu n'est plus seulement un électeur mais un acteur direct de l'organisation sociale.
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